La Bataille

La place que l’on m’avait assignée, la 41E, ne se trouvait pas à côté d’un hublot, ni à côté d’un couloir. Non, elle se trouvait entre la 41D et la 41F. Chacune était occupée par un homme dont la carrure impose le respect.

Je su alors qu’une bataille allait se dérouler pendant ces 11 heures de vol : la Bataille des accoudoirs. Arrivé en dernier, ils avaient déjà un bon avantage.

A ma droite, l’homme discutait avec son amie. La pression psychologique que j’exerçais sur lui en mettant à demi mon coude sur le bras du fauteuil porta ses fruits. Abandonnant son territoire, il alla se réfugier du côté de sa compagne.

A ma gauche, il s’agissait d’une autre histoire. L’homme, habillé en costard, devait être un homme d’affaire, habitué au voyage en avion. J’en étais persuadé, il avait de l’expérience le bougre. Malgré de multiples tentatives sournoises, je ne fus pas à la hauteur. Je m’avouai finalement vaincu, me contentant de mon territoire conquis, l’appui droit.